par Alexandre Ponsart
Ce court recueil est le douzième ouvrage de Serge Meurant. Lorsqu’on y plonge, on remarque d’emblée une ponctuation minimale et des phrases courtes. Ce n’est pas un livre qu’on lit facilement. Il nécessite une disponibilité des sens pour pouvoir ressentir la magie des mots et les émotions qui s’en dégagent.
Lire devient une expérience.
Ici a lieu le croisement de différentes sensations qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent. Rapidement, celui-ci se retrouve sur le seuil entre vie et mort et regarde. Mais que regarde-t-il ? Le corps avançant sur la ligne de l’existence dans la distance du temps passé et des sentiments.
Que demeure, la douleur du regard, intacte cachée, comme le corps blanc, que la mort se réserve.
Mais, il faut continuer. Quelqu’un me tourmente, en mon sommeil, mon corps appelle de toutes ses voix, le monde m’envahit. C’est alors que pour un temps, nous vivons le passé et retrouvons les figures aimées dont la mort nous a séparés.
Sensation de vie, les mots abondent, avec le souffle. Je cherche à saisir l’élan de cet instant dernier où s’accélèrent les images des êtres chers. Lumière éclatante de vie. Mais, le temps manque ; c’est la disparition de la lumière. Cette jubilation foudroie celui qui s’élance dans les ténèbres.
Tu penches la tête, et te retires.
Progressivement, c’est le retour au monde. C’est la chambre d’éveil où le lecteur se réveille. Tu entrouvres les yeux, étonnée d’être là. Les visages des personnes retrouvées se dérobent pour ne laisser place qu’à de vagues souvenirs.
Sensation étrange de solitude.