par Pierre Hild
« Je pensais à cette langue de Pit River. Je voyais déjà que ce serait une étude très difficile, que c’était une langue très complexe, d’une structure complexe. Et pourtant les Indiens Pit River étaient dits l’une des tribus les plus primitives de Californie, extrêmement primitifs, culturellement à peu près au niveau de l’Âge de Pierre. J’en restais songeur… Pourrait-il n’y avoir aucun rapport entre langage et culture ? »
En 1948, malade, Jaime de Angulo écrit ce court livre qui relate quelques-unes de ses aventures parmi ces indiens basés en Californie, moments de vie partagés dans les années 20, pour mieux comprendre leur langue et leurs secrets.
Jaime de Angulo, né en France de parents espagnols, partit dès sa majorité pour l’Amérique où il fut tour à tour cowboy, psychiatre, linguiste, ermite à Big Sur, compagnon ou maître de Carl Jung, Harry Partch, Henry Miller, Jack Spicer, Robert Duncan… et peut être toujours une sorte d’anthropologue sauvage, qui de sa chaire de spécialiste de la linguistique de l’Ouest part rouler avec les shamans dans les fossés.
Un homme qui veut croire que « le monde est un grand livre ouvert », même quand celui des Indiens qu’il tente de restituer ou déchiffrer comporte au moment où il va à leur rencontre de trop nombreuses pages effacées violemment.