par Alain Cressan
Publiée en 1998 chez Shinshokan, dans une collection dont les volumes comprennent chacun 101 poèmes, cette belle anthologie daterait plutôt de la veille, puisque les textes des 55 auteurs1 qui la composent ont été publiés entre 1952 et 1993.
Ôoka Makoto, qui signe l’avant-propos, préside à ce choix d’une poésie descriptive, parfois contemplative avec un recul distancié, sans complexités syntaxiques2, mais d’une grande variété formelle : poèmes en distiques d’Oikawa Hitoshi ou de Kiyooka Takayuchi, proses rythmées par les blancs de Tamura Ryûichi, jeux sur l’anaphore de Nakae Toshio ou d’Iwata Hiroshi, jusqu’aux étonnants sonnets de Nakamura Minoru. Un état, borné par deux dates, de la poésie japonaise, par Ôoka Makoto.
La riche préface de Yagi Chûei interroge la périodisation de l’histoire littéraire, en insistant sur les « turbulences de la poésie japonaise contemporaine », dans les mouvements et bouleversements politiques liés à la reddition de 1945, à l’introduction d’une « poésie nouvelle » (« moderne » puis « contemporaine », aux limites floues) et aux différentes écoles coexistantes. Elle éclaire et brouille la lecture des textes proposés, enrichissant ainsi leur perception.
1. On aurait apprécié une présentation biobibliographique de chacun des auteurs, pour pouvoir creuser certaines lectures.
2. Dominique Palmé remercie ainsi Akiko Vaugham « sans qui la traduction française des poèmes n’aurait pas ‘sonné’ avec autant de naturel. »