Hart Crane : Le Pont

 
par Jean-Charles Depaule

Avec un enthousiasme whitmanien Le Pont, conçu par Hart Crane (1899-1932) comme un hommage critique au Waste Land de T. S. Eliot, célèbre la modernité du XXe siècle, urbaine, machiniste, cosmopolite – il fait sonner, claquer les noms des Indiens qui sont le cœur du pays. Le pont est celui de Brooklyn, et le Golden Gate, il est métaphore du pont, du fleuve ou de la mer, alternativement métaphore et métonymie de l’Amérique et même de l’Atlantide, de la navigation, commerçants et explorateurs : du monde. Ce grand pont notre mythe que je chante résonne dans le souffle du vent (ou / et du poème) comme un instrument aux cordes filins tendus.

Crane, dont Le Pont fut l’œuvre majeure, était l’héritier du mouvement imagiste né une quinzaine d’années auparavant autour de Pound (la « chose » traitée directement ; pas de mots inutiles ; le rythme de la phrase musicale)1. Serge Fauchereau rappelle que, dès sa publication en 1930, ce grand poème fut tenu par les uns pour un grand déversement de verbiage, par les autres pour un texte pionnier, fondateur. Plus tard les poètes Beat l’adoptèrent2. Il n’était plus disponible en français, cette nouvelle traduction est donc l’occasion de le (re)découvrir.

 




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Traduction de Thierry Gillybœuf
La Nerthe
136 p., 12,50 €
couverture

1. Ezra Pound, Des imagistes, Anthologie 1914, prés. et trad. Philippe Blanchon, Toulon, La Nerthe, 2014.

2. Lecture de la poésie américaine, Paris, Minuit, 1968.