10 vitrines de Luc Bénazet

 
par Sally Bonn

Le fil d’alerte

Au moment où Luc Bénazet publiait Unités1, il entrait en résidence à la librairie L’odeur du book2 et déployait ces / ses unités singulières dans l’espace et le temps de sa résidence, sous formes d’invitations, devenues unités plurielles. Débutée en septembre, avec Chiara Malta (cinéaste), elle s’est poursuivie depuis avec Michèle Cohen-Halimi (philosophe), Ligne 13 (revue de littérature : Francis Cohen et Sébastien Smirou) et exemple (collectif de recherche : Patricia Atzei, Lena Balaud, Benoît Casas). Ces unités se pensent dans une relation, sur le mode de la rencontre, entre des livres de poésie, des textes, des auteurs au sein de la vitrine, entre ces mêmes livres de poésie, textes et auteurs… et les passants qui les regardent (ou pas). Luc Bénazet s’adresse, par interposition, à la multiplicité des lecteurs qui sont au-dehors. La vitrine est une exposition de titres, de contenus, de mots, une adresse, aux passants, aux lecteurs, aux auteurs : une constellation. À l’image de celle déployée par Chiara Malta, ou celle de Michèle Cohen-Halimi, une constellation arachnéenne en l’occurrence, jouant de l’espace de la vitrine, comme zone intermédiaire occupable, entre-deux. C’est un espace plastique, entre les rayonnages de la librairie et la rue, un espace modulable qui n’a pas la planéité d’une vitrine, qui s’ouvre en son creux pour susciter des agencements. Agencements d’identités poétiques, littéraires, philosophiques : identités multiples qui se regardent et se répondent, s’interpénètrent dans une nécessité de partage qui se retrouve dans le choix des invités, dans la configuration de leur participation, dans l’espace et la parole qui leur est donnée, dans la participation de la librairie qui constitue, par ces invitations, un fonds de poésie. Il y est et y sera question d’un nous, d’un commun, celui des livres qui nous font, qui nous travaillent, qui nous inspirent ou nous transforment. Celle des poètes, des écrivains, des auteurs qui, de même, nous occupent. Celle des individus avec lesquels on échange. Et de ce que l’agencement de ces unités plurielles réveille, ou maintient éveillé, en alerte vis-à-vis du réel.

Les prochaines invitations : en janvier la revue L’usage, par Victoria Xardel, revue de poésie qui proposera un choix de tracts, d’affiches et de revues. En février, Jean Daive ; en mars, la maison d’édition suédoise Chateau et la revue Slot ; en avril, Bernard Collin. Après sa résidence, Luc Bénazet proposera une revue « en vitrine », utilisant un espace de la vitrine pour y publier des textes, affiches et autres, visibles depuis la rue. La revue est publiée trois fois par an, durant vingt et un jours, en octobre, en janvier et en mai. Première en octobre 2015.




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Une résidence de Luc Bénazet à la librairie L’odeur du book, Paris XVIIIe
couverture

1. Luc Bénazet, Unités, « Le Refuge en Méditerranée », cipM / Spectres familiers, 2014.

2. La librairie L’odeur du book est une librairie de livres neufs et d’occasion, spécialisée en sciences humaines et littérature qui fait partie du réseau Librest, située 60 rue Hermel, Paris XVIIIe.