Jean-Marie Barnaud : Le don furtif

 
par Antoine Emaz

La poésie de Jean-Marie Barnaud n’est pas hors-sol. Si elle aspire à l’élévation et la lumière, c’est justement parce qu’elle naît d’une vision lucide et pessimiste du monde tel qu’il est : « le cortège des blessures / sur la terre de Syrie » par exemple, mais tout autant « les âmes en charpie » et « les pas de savates », ou encore « la langue close / qui savoure ses outils »… Ce monde laisse peu de place à « la beauté », et Barnaud en prend acte. Mais au lieu de développer une poésie du pire ou de l’évasion, il propose une poésie de l’attention, de l’affût. Les poèmes visent souvent un moment épiphanique : la rencontre de « L’hôte », l’apparition / disparition de « la main négative », « Le don furtif »… « la beauté passe et se donne / sans preuve et sans raison ». De même pour « la lumière », « la chance »… Aucun abandon ou découragement. D’une certaine façon Barnaud réalise le vœu de Bonnefoy : identifier poésie et espoir. Dans le premier poème, Criant famine, c’est bien une quête malgré tout de la « joie ». Et dans le dernier, Envoi, l’accueil du jour, même d’hiver et de gel, reste un élan : « Bonjour la terre qui vient / droit devant ! » Beau message d’énergie poétique.




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Cheyne
80 p., 16,00 €
couverture