par Odile Mouze
Précieux objet, bien plus par sa conception que par le velin d’arches sur quoi s’imprime en noir le texte, et dans un impalpable vert de vessie grisé, neige qui tombe entre les mots, les photos de Danielle Bassez. Le format italien permet aux photos d’emplir la double page comme un panorama prêt à redevenir poussière. On rentre dans la Grèce de Jacques Lacarrière par le cap Sounion où vient briser « le sourire innombrable des vagues marines »1. Tout est paysage intérieur, rêveur, yeux vides des statues, rochers, colonnes debout, colonnes tombées, inscriptions, mer claire du soir, mer sombre du matin. L’avant-propos de Jacques Lacarrière donne le principe de ces ménologues : un calendrier de la mémoire – trois fois l’année revient, à chaque mois un poème, et à chaque poème un lieu. Offrande votive à des traces, des signes, des souvenirs, « palimpseste de songes séculaires » écrit Jean-Pierre Siméon dans la postface. Paix hiératique, énigmatique et cependant sans l’ombre d’hermétisme des sentences d’Héraclite.