par Gérard-Georges Lemaire
Ce volume rassemble documents et conférences qui nous permettent de nous faire une idée de ce qu’a été l’école de poésie née au Black Mountain College en Caroline du Nord. Il faut déjà savoir que cette institution a été créée en 1933 et fermée en 1957. L’un de ses professeurs les plus célèbres a été Josef Albers, issu du Bauhaus. D’autres membres du Bauhaus y sont venus comme Feininger, Gropius et Breuer. Il a ensuite invité des artistes modernes comme Twombly, Cunningham, De Kooning. C’est le poète Charles Olson qui lui a succédé. Le premier happening y a eu lieu en 1952 avec David Tudor, Rauschenberg, Olson, John Cage. Les décors ont été réalisés par Franz Kline. Olson et Robert Ducan se sont partagés l’enseignement de la littérature. C’est ainsi qu’ils vont établir un pont entre les objectivistes et leur propre recherche et ouvrir ainsi la voie à une poésie nouvelle aux États-Unis. Le mot « objectivisme » a été créé par cinq poètes pendant les années trente Charles Reznikoff, George et Mary Oppen, Louis Zukofsky, Carl Rakosi. Comme le montre bien Éric Giraud, Reznikoff a écrit le recueil le plus emblématique de cet état d’esprit novateur dans son livre Témoignage, paru la première fois en 1934, mais qu’il a continué à écrire jusqu’en 1960. Quant à George et Mary Oppen, ils éditent en 1932 An « Objectivist » Anthology. Le Black Mountain College a donné à ces recherches poétiques un écho qui aura une immense influence sur la littérature américaine. Bien sûr, ce livre n’est qu’une passionnante introduction à ces travaux encore assez mal connus en France, qui complète Black Mountain college, Art, démocratie, utopie1 et qui appelle un livre qui en fasse l’histoire complète et en dévoile les œuvres.
La Nerthe / École supérieure d’art de Toulon Provence Méditerranée
124 p., 10,00 €
1. Black Mountain college, Art, démocratie, utopie, sous la direction de Jean-Pierre Cometti et Éric Giraud, coédition Presses Universitaires de Rennes / cipM, 2014.