Mina Loy : Manifeste féministe & écrits modernistes

 
Par Jean-Pierre Bobillot

Comme Valentine de Saint-Point, qui la précéda de peu1, Mina Loy connut un étrange destin : une brève période de création exacerbée et de fréquentations « avant-gardistes » (toutes deux se frottèrent au futurisme), puis une longue « retraite » à l’écart des milieux artistiques et, plausiblement, des préoccupations qui furent d’abord les siennes. Toutes deux, également, ont pratiqué non sans virulence l’écriture manifestaire et ont abordé, en particulier, la question du féminisme, d’une manière si peu accordée aux idées et aspirations des mouvements féministes de l’époque (seulement de l’époque ?) qu’elles ne risquaient pas de se faire, sur ce plan, beaucoup d’amies : « soyez Courageuses & reniez d’emblée – ce pathétique boniment-cri de guerre la Femme est l’égale de l’homme – car elle ne l’est PAS ! »2 La perspective s’en trouve hardiment déplacée : « L’homme qui vit une vie où ses activités se conforment à un code social le protégeant de l’élément féminin – n’est pas masculin / Les femmes qui s’adaptent à l’évaluation théorique de leur sexe en tant qu’impersonnalité relative, ne sont pas davantage Féminines »3. Un conseil : ne sautez pas l’empathique et pénétrante préface d’Olivier Apert…




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Traduction et préface
d’Olivier Apert
Nous
80 p., 10,00 €

couverture

1. Valentine : 1875-1853 ; Mina : 1882-1866.

2. Valentine : « Il ne faut donner à la femme aucun des droits réclamés par les féministes. Les lui accorder n’amènerait aucun des désordres souhaités par les Futuristes, mais, au contraire, un excès d’ordre. »

3. Valentine : « Il est absurde de diviser l’humanité en femmes et en hommes. Elle n’est composée que de féminité et de masculinité […]. Un individu, exclusivement viril, n’est qu’une brute ; un individu, exclusivement féminin, n’est qu’une femelle. »