Michel Collot : Pour une géographie littéraire / L’amour en bref






1. Un heureux hasard éditorial veut qu’à l’essai de Michel Collot fasse écho la publication, chez le même éditeur, d’un roman inachevé de Julien Gracq, Les Terres du Couchant.

2. Marc Brosseau (Des romans géographiques), mais aussi François Béguin, Jean-Louis Tissier... Pour des références plus précises, cf. p. 20-24.

3. Albert Thibaudet, cité p. 47.

4. Dans un entretien avec Sébastien Smirou, recueilli dans Ligne 13, numéro 4, Imagier, automne-hiver 2011-2012, chapitre 6, « La carte et le poème ».

5. Voir par exemple les réflexions sur la carte de L’île au trésor dans Il rien (Un privé à Tanger, Seuil, « Points / Poésie », p. 47-54) et leur commentaire par Alain Cressan, « Du jeu dans la lecture (Hocquard & Stevenson) » Ligne 13, numéro 1, Tirer-un-trait, printemps 2010, chapitre 3, en particulier p. 26-27 et 28-30.

6. « Nos ombres désormais / s’enlacent loin de nous / et mêlent leurs jambages / dans un espace étrange / où seule l’écriture / survit à la rupture. »

Par Christophe Mescolini

Après le linguistique, un  « tournant spatial » des études littéraires ? Michel Collot en formule le diagnostic, en guise d’introduction. Son essai1, archéologie et cartographie du nouveau champ d’études, nous permet d’en prendre une vue cohérente.

Pour des géographes d’aujourd’hui2, la littérature est un objet d’investigation : des écrivains font, sérieusement, de la géographie « rhumaine ». Réciproquement « la géographie fait parfois une école de critique »3, ou plusieurs, dont Michel Collot examine les apports et les limites respectifs : des « pages-paysages » de Jean-Pierre Richard aux graphes de F. Moretti, de la géopoétique « nomade » de Kenneth White à la géocritique comparatiste de B. Westphal ou « atopique » de Pierre Bayard...

Bifide, la géographie littéraire pourra interroger aussi bien l’espace dans la littérature que la littérature dans l’espace. Le geste cartographique est envisagé dans son rapport au territoire, Michel Collot suggérant que lui échappe ce qu’il tient pour essentiel, à savoir la « structure d’horizon ». Mais le sujet n’appelait-il pas plus ample développement ? Une innervation et une réorientation de sa problématique, au contact de propositions antagonistes ? Et si une carte était moins une représentation du monde qu’un lieu d’argument sur la nature de celui-ci, comme le suggère Denis Wood? On aurait souhaité une ouverture plus grande du champ des « explorations », notamment quand il s’agit de poésie, le corpus se limitant trop souvent au canon universitaire au détriment d’œuvres plus novatrices. Comment échapperons-nous au « modèle cartographique » dominant ? Questionnement central dans la réflexion d’Emmanuel Hocquard5, auquel vient faire écho Michel Collot quand il affirme : « Une géographie véritablement littéraire ne peut que mettre en crise toute tentative de cartographie ». Il y a là des points d’intersections possibles et de nouvelles pistes, pour la recherche.

À noter la parution concomitante de L’amour en bref, correspondance amoureuse sous la forme de « posms »6.




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Pour une géographie littéraire
José Corti
« Les Essais »
276 p., 22,00 €


L’amour en bref
Tarabuste
104 p., 22,00 €
couverture
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