Par Sébastien Goffinet
Issu d’un colloque dont les invités avaient pour noms Deguy, Prigent, Gleize et Quintane, ce volume mêle textes de ces auteurs, entretiens et études. S’y ajoutent quelques articles sur d’autres « poètes », eux aussi taxés d’illisibilité, terme auquel les éditeurs préfèrent ceux de dislisibilité ou d’alterlisibilité. L’ensemble des textes ici rassemblés démontre qu’il existe non pas une illisibilité mais un pluriel de pratiques de la langue qui ne se laissent pas réduire à (par) la pratique imposée, dominante, coercitive, d’une langue conçue par ceux qui la parlent comme un instrument de domination, de soumission et de simplification de la complexité du réel. Il s’en déduit que c’est la langue commerciale (celle qui a rebaptisé l’esperluette), politique, religieuse ou parentale, qui est pauvre parce que monocorde et stéréotypée, ressassante, alors que la richesse se révèle à chercher du côté de ces pratiques dont ce volume aide à surmonter les salutaires illisibilités. Il ne s’y agit pas de donner des clefs pour rendre plus simples ces illisibilités, mais au contraire d’y clamer l’irréductible intransigeance complexe du réel, dont seules des langues inouïes peuvent rendre compte.
Sous la direction de Bénédicte Gorrillot et
Alain Lescart
Presses universitaires du Septentrion
« Littératures »
316 p., 28,00 €