Par Monique Petillon
Les titres de ses recueils laissent transparaître l’intensité charnelle de la poésie de Marie-Claire Bancquart : de Votre visage jusqu’à l’os (1983) à Violente vie (Le Castor astral, 2012), de Rituel d’emportement – son anthologie personnelle (Le Temps qu’il fait / Obsidiane, 2002) – à Avec la mort, quartier d’orange entre les dents (Obsidiane, 2005).
Son dernier recueil, Mots de passe, fait – en six sections – la part belle à la violence de l’Histoire, et à la présence organique du corps, encore bien vivant, même souffrant. « Cela circule, vit, / bat, filtre, s’étend... » L’inexorable est, certes, envisagé sobrement : « Juste deux dates. Et encore. Du départ, de la fin ». L’aveu de la peur se glisse parfois dans un vers. Mais tout reste à « mordre », à savourer dans le monde (« Vivre n’est jamais pauvre »). Sans oublier la pleine terre et les animaux : « le roux du renard, l’oreille levée du chat ». La poésie, « langue dans la langue », requiert un long travail d’ajustement et de décantation, à la recherche de mots de passe : « À chacun son mot / très ordinaire / qu’il n’utilise cependant jamais. // Pour moi c’est : entrouvrir // l’obstacle doit être au fond de moi / secret / violent ».