Par Nicolas Tardy
La revue L’Ours Blanc sort simultanément 4 numéros (un abonnement en contient 6). On y reconnaît l’élégance des mises en pages de Héros-Limite, son éditeur. Les numéros sont monographiques. La diversité, au rendez-vous. On remarquera une dominante d’auteurs-artistes pour cette première sélection. Exception faite de Charles Reznikoff (USA, 1894-1976).
Charles Reznikoff : D’abord, il y a la nécessité
Publié post-mortem, son texte D’abord, il y a la nécessité, est un de ses rares commentaires sur son travail. Il y aborde entre autre son rapport au rythme, à une forme de distance – qui n’est pas une indifférence – avec le(s) sujet(s), en faisant probablement le plus Objectiviste des Objectivistes. Complète ce texte Le récitatif chez Charles Reznikoff, une chronique de l’intime par Fiona McMahon, ainsi que quelques reproductions de documents d’archives.
Ulises Carrión : Le Mail Art et le Grand Monstre
Autre mise à distance dans Le Mail Art et le Grand Monstre, où l’artiste Ulises Carrión (Mexique, 1941-1989) tente de distinguer cette forme d’art, de la fabrication d’objets qui pourraient être donnés de la main à la main. Les trois textes qui l’entourent : L’art du Tampon ; L’art du Tampon : théorie et pratique ; Copies originales (consacré à la photocopie comme moyen artistique), traitent du détournement d’objets et d’usages administratifs. Si ces pratiques ont pratiquement disparu, les questionnements soulevés ici sont toujours pertinents à l’ère des réseaux et outils numériques.
Marie-Luce Ruffieux : Dégâts magiques supplémentaires
Marie-Luce Ruffieux (Suisse, 1984) creuse avec brio deux axes de son travail singulier : une adresse au lecteur / auditeur, proche de la conférence, dans Dégâts magiques supplémentaires ; un rapport d’une inquiétante étrangeté avec les objets dans Protohistoire de l’assistant.
Christophe Rey : Bed and Breakfast à Vancouver
J’avoue être moins enthousiasmé par la forme de livret théâtrale de Bed and Breakfast à Vancouver de son compatriote Christophe Rey (1967), dont les dialogues ont eu du mal à retenir mon attention. Alors que les brefs passages en prose plus dense, m’ont fait regretter que l’ensemble ne soit pas écrit de cette manière.