Par Alain Helissen
Poète, Laurent Albarracin a su créer ce mot-valise qu’est « fabulaux » pour titrer un bestiaire singulier dans lequel se conjuguent fable, imaginaire et fantaisie, tout cela saupoudré, ici et là, d’une pincée de morale, clin d’œil à La Fontaine oblige. Illustré par des dessins de Diane de Bournazel, « Fabulaux » assemble une suite de portraits animaliers qui constituent autant de brillants exercices de style : « les chiens y ont des maîtres obéissants », « le bouc pue avec délectation », la fourmi a beau être ridiculement minuscule face à l’éléphant, elle ne « l’écrase pas moins sous le poids de son mépris. » Quant à l’hippopotame, sa « gueule est si grande qu’il pourrait s’avaler tout cru. » Merci à la poule de « manger les vers de terre pour faire mourir la mort. » Plus philosophiquement, « la lente rumination de la vache paraît être la mastication des mondes. » Quelle belle image encore que « les poissons les morceaux de chair vivante de l’eau. » Passons sur « le renard, le plus chômant de tous les animaux. » Il reste bien d’autres invités dans cette galerie animalière que l’on visite agréablement jusqu’à arriver à bon « porc », portraituré à la manière de Saint-John Perse.