Par Alain Cressan
Alimentation générale, un magasin hétéroclite mémoriel, est un poème d’une vieillesse grave1 et guillerette, par les suffixations à la loucherbem, les énumérations2 & les calembours, dont le titre trivial évoque le Chant général autant que la petite échoppe de la vie quotidienne, à l’indexation hasardeuse. Une bibliothèque, de tête ou crânienne, est affirmée, d’emblée, dans les noms propres posés en suspension (on lira !) : « les livres qui dorment sur leurs étagères / (comme une assurance contre la vie) / essentiel de les avoir posés ici ceux-là / aussi essentiel de ne pas les lire / (comme une assurance sur la mort) / ou alors bien rarement ». La vie des livres, comme des souvenirs, se confronte à une chasse – heurtée, mouvements du sujet – aux trésors, aux babioles, aux liens qui construisent un espace-temps, diffus : celui d’une vie, « car le compte / des jours des jouirs des joies ordinaires / est tous les jours disponible dans les rayons ou sur / les étagères ». Mémoire vive vs mémoire morte, à laquelle il convient de laisser la parole, dans les grésillements : « qu’on perçoive encore une seconde éternité la résonnance des êtres l’enchantement du monde », dans le déponctué
1. « apparaître disparaître dans la lumière dans la nuit », « avant ma crémation ».
2. « poésie en vrac et sacs à trac ».