Par Agnès Baillieu
Les quelque deux cent cinquante pages de notes et notices de cette édition remarquable accompagnent dans ce qu’on est tenté d’appeler l’atelier du poète. Un atelier peut-être méconnu puisque, outre quelques « œuvres de l’invention de l’auteur », l’essentiel réside dans des traductions, notamment le IVe livre de l’Enéide et un extrait d’une Héroïde1. Du Bellay traduit « comparativement » Virgile et Ovide, posant la question de savoir si la création poétique peut ou doit passer par la « translation » et l’imitation « en aultre langue ». Rendre sensible la « majesté » ou la « facilité » des deux poètes latins constitue l’enjeu esthétique de cette volonté de « naturalisation » au sujet de laquelle la critique a été injustement sévère. Du Bellay se comporte en paraphraste certes, élague parfois, amplifie souvent2, mais sa version, très fluide, rythmée, comme « naturelle », est une authentique œuvre poétique.
1. Voir aussi « Le Tombeau de Marguerite de Valois ».
2. Par exemple 705 hexamètres latins sont « traduits » par 1266 décasyllabes.