Par Nadine Agostini
« Tout ce qui branle, c’est sûr, ne tombe pas. » Entrons dans le mouvement, préparons nos sens à se délecter. Passons illico en cuisine, en mots ouïs qui d’ordinaire ne s’écrivent pas. Tenons-nous, aux fourneaux, aux côtés de l’auteur volubile. On l’entend qui nous parle. Le tutoiement, le « ma chérie », sont de rigueur. Il est si présent qu’on sent presque ses mains sur nos hanches tandis qu’il nous introduit à sa science. Le goût est à la bouche immédiatement. Rituel onanique, le foutre suit le dessert. Partout des parfums d’herbes. Lecteur, lectrice, découvre les secrets de plats simples et savoureux, entends parler de tableaux et de littérature, de sexe bien entendu. Entre dans l’aventure et les plaisirs qu’on te procure au ventre mais aussi à l’oreille. On soupèse, on caresse, on hume, on tranche la queue des aliments vivants, excitants, érotiques. « ... et batavia et frisée et drue la romaine innervée dans ses verges... » Tous ordres et indications te seront donnés avec entrain et même joyeuseté. Oignons en mains, comment ne pas pleurer ? En pensant à l’étroitesse du sexe de Mme de Récamier ? C’est enlevé, inventif. C’est jeux de langue quand se délectent bouches.