David Lespiau : Nous avions

 
Par Alain Cressan

Selon qu’il prenne le titre comme le verbe avoir à la première personne du pluriel à l’imparfait (renvoyant par ce temps alors peut-être aux élégies, fussent celles d’un élégiaque inverse1), ou comme une sorte d’égalité nous = avions (substantif désignant la machine volante – et le vol peut-être cette élévation au-dessus du niveau du sol, ou le fait de dérober, ici par cut-up2, caviardage, montage, ready-made auquel allude la première partie, où l’on trouve plusieurs allusions à Duchamp), le lecteur n’obtiendra peut-être pas tout à fait la même perception du volume, passant d’un pôle à un autre, tourbillonnant dans un mouvement hélicoïdal, ou de toupie (la tête se retourne, vers un négatif qui revient souvent, « gyroscope »), avec cependant comme lieu commun le jeu. Coin dans la lecture, ou objet ludique (« puzzles »), parfois très drôle, il pourra prendre le texte comme « la parole-hélice entraînée / au désir de faire tourner la langue », c’est-à-dire, au fond, dans tous les sens. C’est selon. Refermant l’objet, « laissant filer derrière lui un sillage de fragments légers », il aura peut-être le souvenir d’un vol surplombant le paysage fragmenté de la surface, à reconduire illico.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Argol
128 p., 18,00 €

couverture
                                   

1. Voir Cette histoire est la mienne, Petit dictionnaire autobiographique de l’élégie d’Emmanuel Hocquard (Notes, 1997, repris dans Ma haie, P.O.L., 2001, p. 461 et suivantes).


2. « Panoramique sur une phrase découpée »