Jérémy Liron : la mer, en contrebas, tape contre
la digue.

 
Par Antoine Emaz

Une situation : deux semaines de résidence dans le village de Caromb, au pied du mont Ventoux. Le livre se présente comme une suite de notes en prose, très libres, un peu comme un journal non daté qui retiendrait moins les faits vécus qu’une forme d’« errance » alternant expérience et pensée, souvenirs et rêves, passages par des peintres, des écrivains, des philosophes… Mais cet apparent désordre dans la variété des approches (« amorces ») recouvre un questionnement constant sur l’espace, le regard, notre présence au monde et à nous-mêmes. Et l’auteur ne donne pas de réponses définitives, ne semble pas progresser ou construire, mais seulement creuser et baliser la zone, tenter d’autres jalons, changer l’angle d’attaque… La prose de Liron est remarquablement calme, posée, alors que son mouvement est de venir heurter au réel, « but(er) sans cesse ». La justesse, l’intérêt du livre sont là : nous vivons sur des questions aussi simples que profondes, qui se renouvellent à mesure que nous ne cessons de leur répondre sans conclure. Ce pourrait être une angoisse ; ce peut être une chance. En tout cas, c’est vivre.


Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
La Nerthe
« Éclats »
112 p., 12,00 €

couverture