par Antoine Emaz
Les éditions Unes poursuivent la publication de G. Squires1. Le présent recueil est d’une facture plus simple que Pierres noyées, qui alternait différents plans d’écriture marqués par la variation vers / prose / italiques. Ici, le singulier de « Poème » souligne l’unité d’ensemble ; le passage d’une « section » l’autre est simplement marqué par la présence d’une gravure de Robert Groborne ; on a donc trois ensembles d’une dizaine de poèmes courts, en vers, sans rupture entre les sections sinon un léger déplacement du regard : 1) nature pure, 2) nature avec traces humaines (maison, bruit de pas, mur…), 3) ville avec bâtiments et passants. Mais la saisie poétique est la même, et on pourrait peut-être la qualifier de post-objectiviste. Objectiviste parce que le poème prend comme un instantané du réel, le plus souvent un détail, un élément minimal et suffisant ; post-, parce que cette perspective n’est pas radicale, certains poèmes laissent place à une bouffée lyrique, ou bien à un éclat de sagesse méditative, ou encore à une brève pensée du poème. On respire avec cette poésie presque calme, apaisée dans son minimalisme et son rapport neutre à la nature ; un beau recueil.
1. Cf. Sans titre (2013), Paysages et silences (2014), Pierres noyées (2015). Livres en bilingue anglais (Irlande) / français ; même traducteur, François Heusbourg.