1. Cet essai reposant pour partie sur des notes et correspondances, dont certaines sont encore inédites en français, ainsi les notes préparatoires de Warburg à une conférence sur Rembrandt.
par René Noël
Parue en 1970, la traduction tardive de ce livre1 d’Ernst Gombrich vient néanmoins à point nommé, alors que les publications des écrits d’Aby Warburg et les travaux inspirés par eux connaissent en France un essor particulier2. Le but de Warburg n’est pas de créer une science systématique, mais d’accompagner, jusqu’à l’empathie, des traversées d’énergies primordiales qui animent les hommes et excèdent leur seule raison, de l’antiquité, la renaissance, jusqu’à son époque. Sa modernité s’obstine à rendre compte des prises de corps, réinventant Hermès, créateur de formes nées de Zeus et des visions des mortels. Ses enquêtes fidèles aux pionniers des sciences humaines, Hérodote..., résistent autant à la manie de classer – simplifier les actions des hommes à travers l’histoire, séparer les domaines les uns des autres, l’art aussi présent dans les us et coutumes, croyances, superstitions, le droit lui-même – qu’au chaos. La critique par Gombrich de l’absence d’étude de l’art du Moyen-Âge, par l’historien des images, si elle sert aussi à justifier les thèses plus académiques de Panofsky, donne cependant le ton d’un livre qui s’abstient de faire disparaître Warburg sous sa légende et rend justice à son originalité, à ses intuitions créatrices.
Présenté et traduit par Lucien d’Asay
Klincksieck
512 p., 33,00 €
2. Dont la biographie d’Aby Warburg d’Anne-Marie Lescourret, publiée il y a quelques mois, et la traduction du livre de Karl Siereck, historien du cinéma et de l’esthétique, images oiseaux, qui dialogue avec les travaux de Georges Didi-Hubermann sur la pensée d’Aby Warburg, paru en 2009.