par Jean-Pascal Dubost
Le motif est la forme adoptée : trente textes de trois paragraphes chacun ; il est ce qui se répète ; et se répète dans le présent ouvrage la perception aiguë de soi dans le temps qui passe. Le motif « forme » épouse le motif « pensées », et le choix du chiffre neuf n’est probablement point anodin, quand quelquefois est évoqué l’engendrement. C’est à un travail d’introspection que nous invite Frédérique Germanaud, où le sentiment de solitude glisse vers une pente méditative légèrement amère, « la réalité est en rapport avec l’expérience de la pleine présence […] La réalité est cette emprise sur le monde que je ne possèderai jamais », bien que la narratrice se sente pleinement au monde, par la sensation attentive aux choses. Le texte fait entendre douceur autant que dureté (à l’égard de soi), mais aussi volonté d’écriture comme réalité la plus palpable, sinon vivable pour l’auteur. Il y a rendez-vous avec l’acte d’écrire, qui semble apporter un semblant d’apaisement, d’acceptation de soi, voire ; il y a la présence des écrivains, de la littérature, en présences lares. Ce livre est émouvant parce que sans concession à l’égard de la réalité patiemment et finement re-vécue.