par Chandramukhi
Les questions graves doivent-elles être posées ? lisibles et entendues ? Imaginons une conférence de presse d’un personnage important, disons « Dieu ». Des journalistes sont dans la salle, en fait l’humanité est dans la salle, mais ce sont les journalistes qui ont le micro. Les questions fusent, précises, cinglantes, toutes pleines de « Pourquoi ? ». Les réponses de Dieu sont décevantes, il a l’air accablé. Et puis un poète attrape le micro d’un journaliste distrait et se lance et là quelque chose se passe. Quand le poète est bon. Beaucoup de médiocres se cachent derrière de grandes questions et de grands « Pourquoi », ils s’y abritent et s’y trouvent bien. La poésie (quand elle est bonne) s’insinue et telle l’eau qui gèle éclater fait les pierres et les arbres, sans effort, sans pousser la voix, de manière inattendue. J’ai aimé le format léger de la revue, savoir qu’on ira jusqu’au bout sans fatigue. Une manière de prendre sa dose, sa dose de recul, de calme, sa dose de lac imprononçable. Isabelle Garron aura eu ma préférence, je triche parce que je la lis depuis plusieurs hivers, elle sait virer, briser, pousser une pointe de vitesse, se cabrer, ralentir l’arrêt, faire glisser les pas, les pas de hanches, les pas de dos, des dessins des mains, se tenir de dos, le dos des mains, dans le noir, le noir de monde. Prenez votre dose de lac.