Par Mathilde Azzopardi
Arfuyen publie la première traduction intégrale du Départ d’Ernst Stadler, poète alsacien du courant expressionniste lyrique allemand, européen de culture et de cœur, traducteur de Péguy, Balzac, Jammes, mort au champ de bataille en 1914, à l’âge de 31 ans. Existence éphémère, à l’instar de celles de ses contemporains, Heym et Trackl, dont témoigne son unique ouvrage au titre prémonitoire – Le Départ, brisure ; Der Aufbruch, c’est-à-dire, comme le note Charles Fichter, cassure, mais aussi ouverture, rebond.
Les premiers poèmes du recueil, pourtant très sombres, torturés, en appellent aux puissances du langage, propres à enlever l’homme, à l’arracher à son drame intérieur – « Homme, deviens essentiel ! » La dernière section, « Le repos », marque cependant un temps de recueillement. L’imaginaire paisible du terroir, bientôt balayé par la modernité et la barbarie des tranchées, demeure, s’attarde encore un peu dans les esprits – « Noircis par le travail et la suie des machines. Mais leurs yeux portent / encore la terre, la force d’un sol ferme et la lumière solennelle de champs. » Le Départ a été couronné du Prix Nathan Katz, qui distingue une œuvre du patrimoine littéraire alsacien.
Introduction et postface de Charles Ficthter
Édition bilingue
Arfuyen
« Neige »
232 p., 14,00 €