Olivier Apert : Women. Une anthologie [bilingue] de la poésie féminine américaine du XXe siècle

 
Par Philippe Blanchon

Une anthologie est un travail subjectif, il est donc logique qu’elle ait un signataire. Women ne déroge pas : un auteur la signe et c’est bien ainsi. Dans son introduction, il nous explicite ses partis-pris, justifie sa composition. Qu’en est-il ? Il s’agit d’une anthologie qui multiplie les « entrées ». Elle se concentre sur des poétesses américaines et la composition en est thématique. Mina Loy1, H. D., Sylvia Plath, Marianne Moore, Amy Lowell, Anne Sexton… près de 30 poétesses. Chacun se fera son idée, découvrira tel poème, regrettera telle absence, c’est inévitable. On pourrait, bien sûr, discuter de cette question de « séparer » les femmes car on n’imaginerait pas une anthologie composée exclusivement de poètes masculins. Il faudrait donc encore faire valoir une parole strictement féminine, que l’on jugerait absolument spécifique ou ostracisée ? Spécifique sans doute – mais comme toute parole poétique – et si celle des femmes est ostracisée, cela est plus que déplorable. On peut, alors, s’interroger sur l’efficacité d’une telle démarche et sur ce qu’elle induit. Sur le premier aspect, je n’ai pas de réponse précise, sur le second, je suis toujours quelque peu gêné que des thèmes soient systématiquement évoqués dès qu’il s’agit de la parole des femmes. Parmi ces thèmes, celui de la maternité, du père et du sexe. Les femmes sont assurément des mères – possiblement –, des filles et ont une vie amoureuse. Néanmoins, imaginerait-on une anthologie exclusivement composée d’hommes dans laquelle nous trouverions des poèmes sur leur paternité, leur rapport à leur mère et leur vie amoureuse – sexuelle ? Cela serait possible, des poèmes de Cummings, Williams, Zukofsky, etc. sont centrés sur l’une ou plusieurs de ces réalités et sur l’expérience qu’ils en ont. On ne le ferait pas. Voilà qui m’interroge car, il est vrai, je préfère les voix – les sexes donc – de concert. Mais cela est strictement subjectif, j’en conviens. C’est donc à vous de vous faire votre propre opinion.




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Poèmes traduits, choisis et présentés par Olivier Apert
Le Temps des Cerises
332 p., 17,00 €

couverture
                                   

1. Olivier Apert est le traducteur de tous les ouvrages disponibles de Mina Loy.