Yoann Thommerel : Mon corps n’obéit plus

 
par Létitia Mouze

Le recueil de Yoann Thommerel défie les classifications et fait de cette insubordination poétique son objet même. Il est composé de huit parties dont, au-delà de la construction anaphorique, la présentation formelle ne cesse de varier, alternant texte long, texte court, simple phrase, retranscription (commentée sur la fin) d’un historique des opérations bancaires, variant la mise en page, et illustrant typographiquement, par le grossissement des lettres, l’objet même du recueil, c’est-à-dire le débordement de l’auteur par son corps, ce qui aboutit à cette déclaration qui en constitue le cœur : « Mon corps est poétique ». Tout repose en effet sur cette scission du poète et de son corps, qui devient l’unique sujet de toute parole (« Mon corps parle tout seul ») et de toute action (« Mon corps n’obéit plus »), parole et action qui sont essentiellement de refus et de révolte. Le corps envahissant et rebelle devient le seul vrai sujet poétique, celui qui écrit, celui qui est écrit. Le « bilan graphomoteur du poème », qui souligne la portée politique de la révolte poétique et formelle, est un manifeste poétique dont le recueil tout entier est la mise en abyme : Thommerel livre « un poème-refus ».




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Nous
« disparate »
88 p., 12,00 €
couverture