Yannick Torlini : Seulement la langue, seulement

 
par Isabelle Baladine Howald

Étoile brûlante, pierre de lune

Yannick Torlini l’été dernier à Strasbourg lisait des extraits de Seulement la langue, seulement, et j’avais été impressionnée par sa jeunesse, son intensité, la beauté du texte et sa puissance répétitive. Depuis est paru ce livre qui fonctionne comme une spirale, reprenant sans cesse de là où il vient de se laisser. On pense en le lisant à l’obstination et à l’épuisement de Beckett « il faut continuer », on pense à la vitesse de Christophe Tarkos, on pense au motif de la reprise. Il n’y a pas là de gratuité, de pose, tout est habité par le temps, la mort, l’intégrité progressivement détruite du corps. Le destin humain raclé jusqu’à l’os par la conscience : cette hantise n’est pas que la sienne mais il lui donne sa voix propre. Le monde, le silence, la langue, et le petit humain – pas de je, pas de petit moi – au milieu des éléments (les pierres, l’eau, les terres du désert, l’arbre, les racines). La langue ment, la langue dit aussi la vérité, et nous n’avons qu’elle. Ce livre à vif, obsessionnel, cette litanie « l’âpre après de » me reviennent régulièrement en tête. Son leitmotiv hypnotique est fait pour être lu à voix haute, dans sa tension, son manque d’air et sa beauté.




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Dernier Télégramme
112 p. 13,00 €
couverture