Robert Creeley : Fenêtres

 
par Gérard-Georges Lemaire

On peut considérer que le Black Mountain College a été, pendant l’après-guerre, le laboratoire de la poésie américaine. Robert Creeley (1926-2005) a été un de ses membres les plus éminents. Il a été l’ami de Charles Olson et d’Allen Ginsberg. Sa poésie fait preuve d’une ouverture d’esprit remarquable car il ne s’en est jamais tenu à une posture existentielle, ni à un choix formel forclos. Il n’a pas choisi une voie expérimentale, mais plutôt une voie où la construction du texte vise la simplicité et la concision. Ce petit recueil montre à quel point il a tenu à « traiter » un sujet avec la plus grande économie de moyens. Charles Olson disait de lui : « la forme n’est jamais que l’extension du contenu ». Si son écriture est tenue et économe, elle conserve la fluidité de la langue parlée, mais préserve le poids et la valeur de chaque mot employé. Tous les objets qu’il observe dans ce petit choix de textes prennent une ampleur à nos yeux, dévoilant une relation à l’espace qui en fait une entité forte et prégnante. La simplicité de ces strophes est trompeuse : il agit comme un peintre qui contemple l’univers à travers sa camera oscura et n’en retient que les lignes essentielles, porteuses d’un certain nombre d’implications au propre comme au figuré. Ainsi ses Fenêtres s’ouvrent-elles sur ce qui semble banal et presque invisible de ce fait pour en faire ressortir la vérité que le poète intériorise. Ce sont des natures mortes mentales, dépouillées de leurs accidents et enrichies par les émotions éprouvées par l’auteur qui les scrute et les repense.




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Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Martin Richet
Bulletin Jacataqua
Format PDF, hors commerce
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