Justin Delareux : Extrait des nasses

 
par Luigi Magno

Extrait des nasses est une machine textuelle fonctionnant par fragments. Le centre est partout, le départ à la fois comme délité et réitéré. Tout pourrait commencer par un positionnement dans le champ (« Je ici », p. 19) ou un ancrage au sol (« Je suis gisant », p. 30), suivi par un constat politique fort (« La démocratie n’a plus lieu à nos yeux », p. 26) qui affecte (« Nous sommes affectés par ce que nous percevons », p. 33). Et comme l’instance politique se joue dans le langage et touche la démocratie, « il […] faut aujourd’hui tant bien que mal poursuivre dans l’obscurité plate du langage » (p. 27). La poursuite sera poétique, quand bien même « La poésie a tout raté » (car elle se présente comme « Un grand ensemble qui ne nous concerne pas », p. 36), et que « Le chant est terminé » (p. 60). Extrait des nasses essaie de réinstaller le langage dans la poésie, autrement. Par sabotage de ses logiques (p. 19) ou encore par révision des méthodes (p. 33). À partir de ces coordonnées s’opère le choix de la « fiction épique » (p. 23), de « l’histoire silencieuse de l’humanité » (p. 17) ou de « l’histoire absente de l’humanité courbée » (p. 19). Utilisant le présent (p. 43), cette fiction se bâtit par « Un ensemble de documents » (p. 23) et une méthode qui consiste à « Rassembler les indices reliés » (p. 20). Il s’agit alors de penser la poésie comme « un fonctionnement agraphique » (p. 28), un trouble dans lequel chercher une forme et par lequel poursuivre la poésie tout en refondant ses présupposés esthétiques. Et produire ainsi un « commentaire de notre quotidien » (p. 19), non sans action en perspective commune (« Le commun est ma fiction », p. 53).




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Préface de Jean-Marie Gleize
Al Dante
64 p., 10,00 €
couverture