Beat Generation. New-York San Francisco Paris / Souvenirs de la Beat Generation

 
par Jean-Pascal Dubost

Les contestataires insoumis et debout et anti-militaristes de la Beat Generation sont à l’honneur, maintenant que la plupart d’eux sont morts. Le catalogue de l’exposition installée au Centre Pompidou1 est d’une grande richesse iconographique. Par quoi on se rend compte de la phénoménale créativité Beat, outrepassant son contexte d’époque. En permanente recherche, tous arts confondus (que des artistes de la Totalité comme Brion Gysin ou William S. Burroughs ont sans cesse interconnectés), on mesure encore la très grande influence de ce mouvement artistique sur les arts contemporains ; « les écrivains de la Beat Generation ont fait un usage extensif des moyens de la reproductibilité moderne (machine à écrire, transistor, disque, appareil photo, caméra, télétype, projecteur, magnétophone, épidiascope…) » ; l’alternatif n’était pas de rigueur, mais spontané. Photographies, cut-up, objets d’expérimentations (apprécions l’accent mis sur la Dreamachine), manuscrits…, la Beat Generation laisse moult traces diffuses et ramifications tous azimuts. On s’étonnera néanmoins de l’absence de regard sur les ramifications internationales du mouvement Beat, et de toute référence à Claude Pélieu-Washburn, poète français, traducteur de Bob Kaufman, de W. S. Burroughs et de Allen Ginsberg2, qui fréquenta les artistes Beat et qui contribua, avec Mary Beach, à étendre le mouvement en France.

Le livre des photographies d’Allen Ginsberg montre un Ginsberg en mémorialiste et chroniqueur de la Beat Generation. Il n’eut pas conscience immédiatement de la résonnance possible de ses clichés, et opéra un travail tardif sur ceux-ci (les redécouvrant dans un tiroir, et les retravaillant). Ginsberg fit de l’art photographique une poétique, en contact avec sa poésie ; établissant un lien étroit entre mots et photos, il développa une « poétique de l’instantané » qu’il diffusa et enseigna. L’essai de Sarah Greenough qui accompagne le très riche album est en cela instructif et lumineux.




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Beat Generation. New-York San Francisco Paris
Sous la direction de Philippe-Alain Michaud
Centre Pompidou
302 p., 44,90 €
couverture
Souvenirs de la Beat Generation
Les photographies d’Allen Ginsberg
Sous la direction de Sarah Greenough
Hoëbeke
152 p., 29,50 €
couverture

1. Exposition présentée au Centre Pompidou, Paris, Galerie 1, du 22 juin au 3 octobre 2016.

2. Traducteur aux éditions Christian Bourgois du Kaddish d’Allen Ginsberg, de La Machine molle, Nova Express et Le ticket qui explosa de W.S. Burroughs, entre autres ; l’oubli est conséquent.