par Marie-Florence Ehret
Ah tout devait arriver comme ça !
Voir les espoirs et les roses s’effeuiller,
voir les barques des années s’échapper,
s’échapper et s’éteindre.
Michèle Justrabo a choisi, traduit et préfacé ces poèmes dont elle a fait un duo, un dialogue, une chanson presque, triste et belle.
Duo d’amour et de peine a-t-elle sous-titrée cet ensemble, à moins que ce ne soit Bruno Doucey, l’éditeur, qui ait choisi ce sous-titre. Il nous donne à lire les deux poètes, en français d’abord ou en grec, jusqu’à ce qu’à mi-chemin le livre se retourne et change de langue. Ils ont vingt ans ou à peu près en 1920, mais l’élan qui les rapproche est vite brisé. En 28, Kostas atteint de syphilis se donne la mort. Maria s’éteint deux ans plus tard, emportée par la tuberculose.
En vis-à-vis, pages droite et gauche, les poèmes de Maria Polydouri et ceux de Kostas Kariotakis se font écho, même mode clair, lumineux et mineur où beauté et tristesse se mêlent.
La fatigue de l’une accueille la lassitude de l’autre.
Je mourrai par une petite aube mélancolique d’avril, répète Maria Polydouri
Et Kostas répond :
Ou mon âme c’est le tien, ce chagrin,
toutes ces larmes que le soir laisse,
à l’aube, sur les roses éparses
Ces deux trop jeunes morts ont durablement imprégné compositeurs et interprètes grecs, de la chanson populaire au rock, et leur voix reste vivante.