Armelle Leclercq : Les Arbres

 
par Gérard-Georges Lemaire

J’avoue ne pas connaître Armelle Leclerc, donc je m’empare de l’ouvrage a scatola chiusa. Une chose me plaît beaucoup dans ce livre, c’est que l’auteur n’a pas tenté de définir l’essence (au sens philosophique s’entend) des arbres, mais de faire parler leur âme (puisqu’ils en ont une), et d’essayer de saisir tout ce qui peut être signifiant dans leur relation non seulement avec notre culture, nos représentations métaphysiques, symboliques, artistiques, mais aussi avec notre être intime. Elle catalogue l’ensemble de sa moisson et nous montre ces plantes muettes qui sont, en fin de compte, des plus éloquentes. Elle passe de visions parfois banales (à dessein) à d’autres très élaborées, de significations mythologiques à la découverte subite d’une situation incongrue ou même surréaliste. Ce sont des notes qu’elle a accumulées au fil du temps et qu’elle délivre au lecteur pour tenter de lui faire embrasser l’immensité de ce que les arbres peuvent nous déclarer par leur présence, par leur confrontation avec d’autres éléments naturels – ou non. Ce n’est pas une recherche proche de Francis Ponge ni de Georges Perec, c’est quelque chose de bien plus libre, qui n’a pas l’ambition de se servir du sujet pour engendrer une forme de poésie d’un genre nouveau ou dans une optique formaliste. C’est une aventure individuelle face à un peuple immense, qui s’avance vers nous, sans un bruit, mais apportant la beauté ou la mort, comme la forêt qui avance dans le Macbeth de Shakespeare.




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Le Corridor bleu
96 p., 12,00 €
couverture