Jean-Marie Gleize : Ces demeures

 
par Sébastien Goffinet

Ces demeures constitue un chapitre de ce qui sera Trouver ici, le volume faisant suite au Livre des cabanes1. Dans un entretien récent, Jean-Marie Gleize a établi un rapport d’opposition entre cabane et demeure : « l’important est de se déplacer, de faire en sorte que la cabane ne se transforme pas en demeure. Que les portes ne se ferment jamais. » Ici, il lie demeure et territoire : « J’appelle demeure la première et la dernière demeure, la demeure, // et territoire l’ensemble des lieux où circule et oscille et s’immobilise la demeure, // [...] demeure et territoire sont là où creuser » (p. 19). Il faut donc se confronter avec une multitude de surfaces, de « sédiment, d[e] dépôt » (p. 16), que ce soit la peau (bras, mains), l’écorce de l’arbre, les draps, les murs, les ardoises, les planches, le vernis, le sol du jardin, le papier … Seule « la lumière […] traverse la terre et le tissu » (p. 21). Ainsi celui qui écrit est-il aux prises avec « ce territoire qui tient et s’écoule et se pulvérise, éclate en lumière » (p. 29). La « “composition en surfaces” » (p. 37) de son écrit lui permet de se « maintenir “dans le style de l’attente” » (p. 13), style dont il suppose déjà enfant que, l’écriture y étant liée, « quelque chose peut advenir, subvenir, survenir, contre-dire » (p. 13). « L’OBJET ANARCHIQUE » (p. 41) qui clôt, en majuscules ce texte, se donne par là même à la fois comme un impondérable et comme un objectif pour qui écrit sous « [u]n ciel de prose encore plus noir » (p. 29).




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Dessins d’Agathe Larpent
Au coin de la rue de l’Enfer
50 p., 13,00 €
couverture

1. Cf. mon article sur ce livre dans CCP 31-1