par Régis Lefort
Cette anthologie de Jacques Izoard, dont Gérald Purnelle, dans sa postface, note qu’elle use de « mots concrets, d’associations foisonnantes, d’images surprenantes », rassemble des poèmes depuis les années soixante jusqu’aux années 2005-2006. L’importance du corps et de sa mise en scène sous différents modes y est frappante. C’est un « Corps dépecé mais vivant, / que l’on tâte et que l’on tâte, / qu’on ne connaît jamais, / malgré la course éperdue / et le nouveau matin ». C’est aussi un corps « fait de chair et d’aube », un corps qui « n’est qu’un désir », un corps qui hante le poème, peut-être parce que « rien n’existe avant l’écriture ». Un corps comme « un geste », comme « un bruit d’ailes » et qui « vit dans chaque mot, dans chaque caillou ». Non moins frappante, sans doute, est l’image de l’enfance, celle de ce « nouvel enfant » qui « offr[e] sa lumière ». Une enfance pour avenir ultime. Avec son poème, le poète espère « toucher la nuit ». Or sa langue « est le lieu où la nuit reflue ». Il faut donc « touiller les mots. / Déchirer les mots. Laver les mots / Dégrossir les mots, les lacérer. / Les enfumer. Les entrelarder. / Les chipoter. Les caresser. » Ceci traduit une interrogation constante du poète sur l’acte même d’écrire.