Angela Lugrin : En-dehors

 
par Sacha Steurer

Entre relation d’une expérience intime et sociale, la prison tantôt comme « paysage intérieur » ou « être lieu indéfini et réel », Angela Lugrin, dans une forme carnet de bord, témoigne de son année scolaire d’enseignement littéraire à la prison de la Santé à Paris et aborde le sujet avec beaucoup de liberté : « Ils disent les insomnies du dedans : j’ose les insomnies du dehors ». L’auteur y parle autant de la beauté des prisonniers qui « saute à la gueule », de leur humour « une drôle de lumière », que du désespoir. Elle ose le « je », l’expression de ses propres sentiments d’enfermement et nous livre en cela un témoignage où l’empathie règne au centre de l’écriture.
En-dedans est une lutte mais en-dehors aussi, là où il faut se battre également pour faire comprendre à son frère (et à tous les lecteurs potentiels) le sens de son engagement, quand derrière les murs, en étudiant ensemble, « une musique infime et essentielle » se joue malgré tout.
La particularité de la collection dans l’édition de poésie est de rassembler des textes s’attaquant à la question de la langue comme façon d’être au monde, en soi et avec les autres. Entre l’enseignante et « l’homme indomptable, l’homme secret, l’homme fier, l’homme trahi, l’homme lumineux… », il y a des œuvres littéraires, l’espoir de devenir un lecteur libre.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Isabelle Sauvage
« singuliers / pluriel »
160 p., 18,00 €
couverture