Jacques Sicard : Abécédaire

 
par Hervé Laurent

On sait l’attention que l’auteur porte aux films, il ne pouvait donc ignorer Deleuze. Pas étonnant que la meilleure façon qu’il ait trouvée de rendre visite au philosophe cinéphile soit justement le film L’Abécédaire de Gilles Deleuze1. En 26 courts textes – comme il se doit – Jacques Sicard reprend la contrainte alphabétique sans jamais s’en inspirer autrement, évitant (presque) la citation directe, excepté à l’article Plainte (une pratique défendue par Deleuze) dans lequel est en outre rappelée la prédilection du philosophe pour la cervelle, la langue et la moelle. Pour le reste – comme il nous y a habitués avec ses textes « cinématographiques »2 – Sicard poursuit un travail d’écriture singulier quoique précisément accordé. À suivre la définition qu’il donne de cette entrée, on dira qu’il fait amitié avec les auteurs qui jalonnent son parcours de lecteur et de spectateur. Pour être fortifiée, pour ne pas rester dissymétrique l’amitié, telle qu’il l’entend, requiert de lui qu’il sorte du rôle passif du récepteur et réagisse aux fictions que l’ami a formées pour lui. Tout le projet de Jacques Sicard est là et nous emporte, dès le seuil de cet abécédaire, jusqu’au bout de l’alphabet.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Suivi de Mots pour « Abécédaire » par O. Gallon
La Barque
40 p., 9,00 €
couverture

1. Le film, produit par Pierre-André Boutang en 1988, est disponible en coffret dvd aux éditions Montparnasse.

2. Jacques Sicard, Films en prose, La Barque, 2013.