Mary-Laure Zoss : Au soleil, haine rouée

 
par Daniel Lequette

Des fragments de prose, eux-mêmes éclatés en parcelles de phrases, décrivent un rapport brutal, tranchant avec un monde plâtreux, terreux, qui menace sans cesse de se pétrifier sur la main tentée d’y fouir. On peut y lire comme le spectre d’une histoire, celle d’un enfermement d’où l’on s’évade pour se réfugier dans une masure décrépite. Le systématisme dans l’usage des structures syntaxiques de l’urgence et la déclinaison par hyponymie, synonymie périphrastique de lexiques concrets, spécifiques pour chaque partie du recueil, peut sembler relever de l’exercice de style. On pourra aussi y voir la recherche obstinée de formes, de régularités, dans l’exploration de l’informel, d’un chaos sensoriel, d’une hostilité primordiale des choses et des êtres, d’une angoisse existentielle à couper au couteau ; l’écriture apparaît alors comme une voie, escarpée, pour s’extraire, s’extirper, des formes traditionnelles de la poésie – « maudits ceux qui ont cloué leur langue, gouvernant une face d’abruti qu’ils agglutinent aux carreaux des étables » – et trouver dans la perlaboration de sa colère peut-être une sorte d’apaisement. « et quoi au fond sous l’abject ? se peut-il que quelque chose d’autre là-dessous veuille parler – d’humain ? »




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Cheyne
« Collection verte »
72 p., 16,00 €
couverture