Georges Drano : Vent dominant

 
par Mathieu Nuss

Titre on ne peut plus explicite, le lecteur est littéralement porté par les rythmes d’une langue qui varient au gré des 114 occurrences du mot vent. Moteur blanc du livre, artisan omniprésent qui prend place (absolument toute la place), « toutes ses largeurs » dans les pages, Georges Drano fait ainsi le pari d’examiner ce vent, ces vents même, sous toutes leurs coutures, d’en décrypter les vastes messages : conditions d’apparition, de brouillage (C’est une fugue manquée / qui se joue dans les branches), d’épaisseur, de volontés, de déplacements, de forces rythmées dont l’écriture devient dans le même temps le buvard. Passant au loin à travers les genêts à balai, le vent sculpte la voix d’affirmation du poète, l’allant et l’éloge, les éléments de l’habitat une Porte devenue vent du Nord, un Rideau, mué en vent du Sud. Il expose la page à ces retournements vengeurs et imprévisibles qui ne reposent sur aucune stratégie, d’où les séquences variées, qui n’excluent ni la prose brève, ni le vers libre, ni la suite aphoristique. Une grande récréation aussi dans ce livre, dans la manière de détourner les expressions idiomatiques associées au vent, N’avoir ni vent / Ni nouvelle du vent, gare au rhume des foins en tournant les pages !




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Rougerie
64 p, 12,00 €
couverture