Didier Vergnaud : Factures du temps

 
par Claudine Galea

C’est un combat. Phrases nominales en abondance. Poings à coup de non-points. Quand les verbes sont là, ils forcent la page : battre s’enfoncer frapper briser jeter toucher soulever s’envoler saper visser. « Violence sur le territoire du temporaire ».

Ou bien c’est un film avec apparitions fondus au noir séquences cut. Narration par montage : ça bouscule les récits entamés et les brise. Lambeaux de rapports humains qui oscillent entre « fusion gratification et domination » comme le précise Jérôme Mauche en postface.

En tout cas ce n’est pas une histoire, ça ne veut pas l’être, segments arrachés au dire. Ce seraient plutôt des « gestes propulsés par le moteur du racontar ». Le racontar ou le poème qui entre et sort, la « balançoire des mots », agitée aérée secouée, évitée parfois, et paf, un coup dans le dos. Celle ou celui qui ne vous l’a pas envoyé dire est invisible. Pas de personnages, des crochets vocaux qui vous laissent éberlué énervé amusé inquiété. « Idées fausses / même neuves » ironise Didier Vergnaud. Pour finir, « élimination du solde ». C’est sûr et certain ? « Patapon de l’existence », ça oui, balancé par-devant par-derrière et sur les côtés. Ne pas croire à la stabilité, ça vous court-circuite aussi sec.




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Le Bleu du ciel
64 p., 10,00 €
couverture