Matthias Vincenot : Le mot et la note. Poésie et chanson un cousinage compliqué

 
par Daniel Lequette

Réalisé à partir d’une thèse de doctorat, l’ouvrage propose une étude littéraire des rapports entre chanson et poésie. La question est autant esthétique que politique puisqu’ici les deux sont liées dans un procès de légitimité. Les auteurs qui s’y consacrent, et Matthias Vincenot ne déroge pas à la règle, partent du constat, juste, que la chanson est considérée par les institutions culturelles et universitaires comme un sous-genre populaire, un art mineur. Il s’agit donc dans cet ouvrage de montrer qu’il n’en est rien et que l’apparente simplicité d’une grande partie des chansons relève en réalité d’un art consommé et non de la facilité. Pour ce faire, l’auteur, lui-même poète, tente de délimiter les notions de poésie et de chanson, en explorant une multitude d’œuvres. Il s’emploie à expliciter les lignes de convergences et de divergences des deux domaines à partir des thèmes, du rapport à la langue, au son, à la musique, des représentations du chanteur et du poète.

Toutefois, faute de définir un objet précis ou plutôt choisissant un objet qui demanderait à être précisé (légitimité culturelle de la chanson qui impliquerait une réflexion sur les institutions, question des interférences de la musique avec le texte qu’on retrouve dans le livret d’opéra, problème du genre qui impliquerait une réflexion sur les genres de la chanson), le propos se dilue dans des circonvolutions et des considérations parfois oiseuses comme ce jugement moral sur Brassens dont le statut de chanteur poétique populaire serait compromis par l’ambiguïté quasi révisionniste « des Deux oncles ».

Bien qu’écrivant dans un cadre universitaire, l’auteur applique à son livre le principe anti-élitiste qu’il affirme à propos du choix de son corpus. Cela donne un ouvrage érudit à l’enthousiasme communicatif, dès lors qu’on n’attend pas une conceptualisation rigoureuse et qu’on se laisse griser par l’accumulation des citations et l’évocation de toutes ces paroles et musiques qui tissent l’air du temps.




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Préface de Georges Moustaki
Éditions de l’Amandier
464 p. 22,00 €
couverture