Murièle Modely : Rester debout au milieu du trottoir

 
Par Katy Rémy

« Je suis vide comme une vieille seringue » dit-elle. Sur les clichés, flouté, grossi, constellé de gouttes de pluie, un corps. M. M. semble planer au-dessus de lui, de sa vie, au point de le dire si crument que le réel se disloque. En tête de chaque poème un « carton » indique la progression de ce roman-poème. Depuis s’introduire au monde jusqu’à Juste dans le frigo, sous la viande congelée / l’œil tout sec caché dans un sac fermé.
Poésie des grandes villes, de l’étroitesse, d’un amour désespérant. Il l’aime // L’amour c’est comme ça / un appendice planté / direct dans les gencives.
Noir et blanc. Godard n’est pas loin, et parfois Buñuel. La précision des phrases, la surprise des métaphores, la brièveté d’une syntaxe qui verbalise sans verbe, les sons et les gestes armant le synopsis.
En signe d’envoi à sa mère, quatre pages, un souffle, la description d’une douleur originelle, et ceci : Je suis / la page vierge / une tache fugace qui marque le lit blanc.
Murièle Modely est née à la Réunion. Le titre de son blog, elle l’a emprunté à Emmanuel Laugier1. Elle appartient à ces auteurs de la modernité urbaine, qui interrogent sans fin le couple et la déambulation entre terreur et passion.




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Photographies Bruno Legeai
Contre-Ciel
76 p., 12,00 €

couverture