Michel Grémeaux : Claire-voie

 
Par Pascale Petit

Quatre-vingt-deux textes d’un curieux abécédaire composent ce livre. On ira ainsi de l’abat-jour à la salamandre, en s’attardant chaque fois, tant l’auteur sait imprimer son rythme. Ou plutôt sa lenteur. S’assemblent ainsi au fil des pages les savantes mises en abyme d’un phénoménologue, polisseur de vues et de pensées. Nous sommes dans une maison, il y a un homme, une femme, une jeune fille, des indices, un jeu d’anagrammes. Ce sont des images qui apparaissent, des scènes qui s’animent, des tableaux qui sont décrits. Des musiques, des vies, qui sont jouées à l’instant précis où elles doivent être jouées. « L’on ne décrit que ce que l’on imagine. » Et vice versa. « Tout est déjà là, mais on ne le sait pas. » Tout est déjà là qui n’est déjà plus. Comme la clé dans le lac.

Michel Grémeaux est un photographe sachant manier les effets de seuil qui marquent la séparation – du dedans et du dehors, du proche et du lointain, du désir et du non-désir. Il agit comme un peintre. On pense à Hopper qui excellait dans l’art de représenter les personnages dans ce que Michaël Fried nomme leur « absorbement ». On devient voyeur d’un livre hypnotisant.




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Le Bois d’Orion
160 p., 16, 00 €

couverture