Julien Blaine : Thymus

 
par Jean-Pascal Dubost

Ceci n’est pas le testament littéraire de Julien Blaine, bien trop vivant pour faire ses adieux, mais, assène-t-il : « Souvent, la mort me passe par la tête ou dans la tête ». Le thymus est un organe qui joue un rôle important dans le système immunitaire des enfants ; choisi pour titre, le mot nous indique que Julien Blaine n’est point immunisé contre le virus de l’écriture, et le fait savoir à renfort d’images et de mots et de lettres et de signes en nous livrant un autoportrait, mais aussi et surtout une autobiographie visuelle, qui plongent dans le cœur de l’enfance, quand le virus s’est installé. À soixante-douze ans, il constate, sardonique, « soudain je me sens banal », et confie : « déjà je m’ennuie dans l’effort de me souvenir de tout ça » ; car l’homme contient plus de souvenirs que s’il avait mille ans, à lire le foisonnement visuel offert à l’œil du lecteur. Thymus est un livre qui se regarde, s’explore et se lit, et afin de se débanaliser, le poète se fait plaisir : comme il a mis en action poétique sa vie, il met en scène livresque cet autoportrait autobiographique, ou inversement. On sent l’importance de ce livre, aux yeux de l’auteur même, et entend un peu un rire jaune.


Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Le Castor Astral
216 p., 18,00 €