L’Ours blanc

 
par Benoît Auclerc

Côté pile (première de couverture), L’Ours blanc est presque tout en lettres (y compris la date) ; côté face (la quatrième), on trouve la localisation « aux éditions Héros-Limite », et une image d’ours, différente à chaque numéro (ici, un ours esquimau dentu). À l’intérieur, le numéro est constitué d’une seule contribution (pour ce numéro 8, « Fatiguer la réponse, reposer la question »), qu’interrompt un cahier de quatre pages présentant notamment l’organisation de la revue (ce qui s’appelle un ours), l’artiste du volume (la plasticienne, musicienne et écrivaine Nelly Maurel), un texte où il est question d’ours.

La contribution de Nelly Maurel joue elle aussi de ces intrications entre texte et image : elle est faite de phrases typographiées (une longue série de questions) et d’interventions graphiques – pour la plupart, des questions dessinées, sursignifiant apparemment une écriture scolaire appliquée mais prête aux bifurcations fantaisistes. Parmi ces dizaines de questions, on trouve certes des calembours un peu vains – « En général, vous êtes plutôt oui ou plutonium ? » – mais là n’est sans doute pas la question, la dynamique du texte résidant dans sa capacité, apparemment infatigable, à en poser d’autres (des questions), tapées ou manuscrites. La plupart d’entre elles nous invitent à interroger nos pratiques d’êtres parlants, leurs présupposés idéologiques – « Associez-vous une fermeture-éclair à un dépôt de bilan ? », « Trouvez-vous judicieux de mettre de l’argent de côté pour faire face ? » – la façon dont les mots se sédimentent en images « toutes faites », sur lesquelles l’énergie questionnante du texte attire notre œil.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
L'Ours blanc
N° 8
Nelly Maurel : « Fatiguer la réponse, reposer la question »
Héros-Limite
28 p., 5,00 €
couverture