Perrine Le Querrec : Ruines

 
par Alexandre Ponsart

La couverture du livre évoque les souvenirs en marbre que l’on peut retrouver sur des tombes. Au centre une photo, en noir et blanc, d’Unica Zürn. Le titre, en rouge, au dessus. Tout est là ; « Ruines évoque la relation qui unissait Unica Zürn à Hans Bellmer. Leur union amoureuse, leur folie créatrice. »

Pour réaliser cette fausse biographie, Perrine Le Querrec prévient qu’elle s’est « immergée dans leurs correspondances (celles d’Unica Zürn et Hans Bellmer), leurs biographies, et dans les écrits d’Unica Zürn (…) pour être au plus près d’elle. » C’est à la suite d’une visite au cimetière du Père Lachaise où résident désormais ces deux compagnons que l’idée d’écrire cet ouvrage lui est venue.

Ruines retrace la vie de ces deux artistes depuis leur rencontre à Berlin 1953 / Unica / Voit Hans, son fantôme du Paradis (…) Hans / Voit Unica, sa poupée incarnée. En passant par le 86 rue Mouffetard / Hôtel de l’Espérance (…) La chambre 10 m2 puis par la maison Sainte-Anne et les séjours en asile / Son chez-elle, la cellule. Et la fin, la dernière station, le XXe, 4 rue de la Plaine / Dans la nouvelle demeure, elle enferme son espoir (…) Hans ne veut plus d’elle / au sixième étage du 4 rue de la Plaine ( …) Unica calme / va à la fenêtre / et du 6e étage / se jette.

À travers cette écriture, Perrine Le Querrec se met parfois dans la peau d’Unica Zürn ; « c’est la voix d’Unica Zürn que nous entendons ». L’écriture concise avec ces nombreux sauts à la ligne est comme un écho à la vie d’Unica qui fut fractionnée par de nombreux épisodes (passion amoureuse, médicaments, création, internements). Du haut de ses écrits / publiés / et autres refus administratifs / Unica a tout dit. (…) De Hans et d’Unica / Dernier dialogue / où pèsent dix-sept années de destins / Liés. Morcelée comme le fut également son corps. Sa chair à modeler / Au fil et à l’encre / Unica prise de corps / Entre les lignes, le gonflement rosé / La chair qui monte et affleure. Unica, poupée unique de Hans.

Ruines et non ruine car c’est la rencontre et le lien de deux êtres singuliers que même la mort ne semble pas séparer. Sur leur pierre tombale Hans Bellmer a fait graver : « Mon amour te suivra dans l’éternité ». Effectivement, en scène les complices / s’envahissent / UNicaEtHanS s’excitent / Compagnons de misère désarticulée / Et recomposée.




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Postface de Manuel Anceau
Tinbad
72 p., 17,00 €
couverture