par Narciso Aksayam
Sous le doux parrainage de Gaston Bachelard, à moins que ce ne soit sous celui de Roberto Juarroz ou encore de Ludwig Binswanger1, dans un gris de rocher veiné du rouge sang qu’il enveloppe de sa jaquette, Mélanie Leblanc nous livre pour première publication sa vie de falaise ascendante. Horizon de cœur grand et montagnes en nous, l’échancré littoral dessine en prosopopée une âme normande à l’œil océanique. Par légères touches séquencées sur blanc, arrêtes jaillies des brumes, un pas à pas de lenteurs, de suspens, trace l’analogie multipliée d’un regard à faire de vie poème, à faire d’un colosse de sédiment l’image de cette jetée, de cet assaut de pierre inamovible, qui dresse une existence en paysage signifiant, qui peint d’écume et de roche l’éternité dressée face au vent, au vide, à l’usure lente, qui rassemble en traits d’encre cette immense masse étendue sur son lit jamais apprivoisé de chutes, de vertiges, de sublime tempéré dans le chant immobile de sa présence. Avec l’obstination d’un papillon de nuit heurtant au fanal, la falaise, limite arrachée aux terres, friable monument d’écroulements autant que de remparts muets, accroche l’œil et trempe la pensée à ce qui plus l’expose, bord de l’âme, archipel esquissé de géants à l’arrêt, Ouvert sans voile au grand creux qui nous hante.
64 p., 17,00 €
1. Rêve et existence ne manque pas de nous rapporter à nos verticalités psychiques.