par Sébastien Hoët
Chaque poème commence, dans un ostinato vocatif, par « Olympe », et pourtant – dès le premier vers l’amour signifiera sa propre perte et l’impossibilité de l’union : « ma tête bouge contre tous les sens de ta folie ». Pas d’unité, un duellum plutôt, selon le mot de Baudelaire : « tu brûles de me dépasser » (p. 16), « Tes mains giflent et rien ne les arrête / pas même mon regard étonné » (p. 27). Dans ce duellum il est question d’autre chose que d’un antagonisme, ou d’une attaque, concertée ou non : le vocateur et l’invoquée existent dans deux sphères séparées, deux mondes qui, entrant en contact, se désintègrent, ou pire – s’interpénètrent sans se toucher. Olympe n’est que son « imminence » (p. 54), sa disparition (ou sa dis-parution), que Paul (appelons-le ainsi) essaie vainement de retenir, de ralentir : « tu disparais quand tu t’affirmes / tu t’évanouis quand tu t’imposes » (p. 33). Interminable lutte amoureuse entre deux êtres qui ne s’atteignent jamais, qui va nécessairement, fatalement, vers la « petite fatigue » (p. 44), l’épuisement final. Le naufrage, dans de tels remous contradictoires, est inévitable. Il y a beaucoup, dans ces pages à la frappe stylistique nue, et classique au sens noble, de la « dualité pathétique » mise en lumière par Levinas dans ses célèbres analyses de l’Éros.
64 p., 17,00 €