par Monique Petillon
Naguère promeneur des villes, des talus et des gares, Jacques Réda est devenu un « amateur » infiniment curieux du cosmos et du « bazar astral ». Dans des recueils salués par l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet, il poursuit une « danse avec l’espace et le temps ». Après un premier volume, La Physique amusante (Gallimard, 2009), une série s’est constituée avec Lettre au physicien (2012), puis La Nébuleuse du songe, suivi de Voies de contournement (2014).
Perpétuant la tradition de la poésie scientifique – de De rerum natura de Lucrèce à Petite cosmogonie portative de Queneau – Réda célèbre, en vers « apprivoisés », les mécanismes obscurs de l’univers. Avec Le Tout, le Rien et le reste, La Physique amusante IV, il aborde « l’Univers énigmatique » avec perplexité et humour, non sans rendre un fidèle hommage à un « professeur de philo dégourdi » qui fit aimer Héraclite et Platon à des lycéens.
Il recommande au lecteur, dans « Les grains de sel du profane », la conduite à tenir en cas de doute : « Et je dirai pour finir, comme Ponge : “Camarades des laboratoires, prière de vérifier” ». Le chat de Schrödinger, victime d’un « espiègle savant », traverse deux de ces poèmes « qui tantôt prennent un tour léger / tantôt grave ». Quant à La Fontaine, Réda salue son médicinal « Poème du quinquina », dont il disait, dans un essai qu’il a consacré au fabuliste (Buchet-Chastel, 2016) : « Rien n’est moins impersonnel et rébarbatif que cette incursion d’un rêveur dans le monde des savants ».