par Marie-Florence Ehret
Très riche, le recueil de Gallimard offre un regard élargi sur le poète, avec une longue préface d’Alain Borer, une note biographique et bibliographique détaillée, et un grand nombre de séquences poétiques représentatives du poète.
De La grammaire des étoiles, dans Infiniment proche, à La rose des vents, dans Le désespoir n’existe pas, nous traversons les nombreuses constellations qui irradient le ciel du poète.
On ne fuit plus
le monde
c’est lui
qui nous quitte
On l ’accompagne sur les chemins de haute spiritualité qu’ouvrent ses poèmes, vers ce lieu perdu et pourtant infiniment présent : le paradis.
Zéno le rappelle avec une citation de Franz Kafka :
Nous avons été chassé du paradis,
mais le paradis n’a pas été détruit pour autant.
Zeno ne fait pas seul ce voyage, ses compagnons de route sont nombreux, et présents. Les poètes du Grand Jeu, Daumal, Gilbert-Lecomte, et puis Rimbaud, mais aussi les contemporains, les amis, pour lesquels un prénom suffit Alain, Serge, André, les proches, prosateurs ou poètes du monde entier, comme Alejandra Pizarnik, Inger Christensen, Matthieu Messagier ou Peter Huchel.
Avec Satori express, Zeno Bianu poursuit cette cartographie d’un territoire poétique et musical, humain et spirituel qui le dessine.
On y retrouve bien sûr les poètes phares – Rimbaud, Daumal, et bien d’autres, les musiciens et les chanteurs qui l’accompagnent et qu’il accompagne, souffle à souffle, dans l’envol des notes et du rythme, dans l’envol de la voix qui porte le poème, dans l’élan du corps qui devient l’instrument même.
Soufflent aussi les vents d’ailleurs, Inde ou Tibet, montagnes et cimes.
Nombre de poèmes s’appuient sur le retour obstiné d’un vers. Dans Le rituel d’amplification du monde par exemple, le poème répète : Je commencerai par être, en variant à chaque strophe cet être qui commence : un verbe (...) un dispositif (...) un souffle (...) un sourire (...) le refus (...) mille kilomètres (...) un soir (...) un maquisard de l’esprit (...)
L’ensemble offre au lecteur un espace mental de pure énergie.
En quelques pages cartonnées, dédiées à Esteban (le poète Claude ou un autre dont ce serait le prénom ?) Zeno Bianu entraîne le jeune lecteur dans la passion d’Aloysius (...) les mots.
De ces mots il joue, il jubile, il jouit, les croque après les avoir « attrap[és] à l’épuisette ». Au centre du livre trois pages noires, superbes, trouées de blanches silhouettes animales, qui introduisent la métamorphose, le mot-femme, l’amour pour finir sur la danse avec le big bang !
Avec ces trois nouveaux livres, Zeno agrandit toujours sa « maison d’être » dans laquelle il nous invite à partager ces belles rencontres qui vivifient son écriture.
Préface d’Alain Borer
Gallimard
« Poésie »
320 p., 8,80 €