Tahar Bekri : Mûrier triste dans le printemps arabe

 
par Khalid Lyamlahy

Dans le recueil de Tahar Bekri, le mûrier triste est aussi bien la métaphore d’un printemps arabe « volé » (p. 17) que l’image d’un poète obstiné qui résiste à l’obscurité. Face au chaos, la voix de Bekri lutte pour rendre un peu de dignité à cette « parole humiliée de mille baillons » (p. 10). Pour ce faire, le poète voyage entre la Tunisie natale et les terres d’exil, interrogeant la Nature sur la barbarie du monde et interpellant la « Princesse Europe » (p. 66) sur le sort des migrants. D’un voyage à l’autre, les questions fusent, la mélancolie s’enracine, la nostalgie resurgit, et l’exil, ce « dur métier » (p. 22), devient un lieu de renaissance dans la « liberté insoumise à l’opprobre » (p. 25). De Nazim à Césaire et de Pessoa à Senghor, les « chants de liberté » (p. 27) de Bekri s’écrivent dans le double jeu du voyage et de la rencontre. Lisbonne, Bamako, Lampedusa, Palmyre, Tombouctou : autant d’arrêts pour dénoncer les « ennemis des dieux » (p. 28) et défendre « l’envol des songes » (p. 38). Résistant au mal du pays et au « mirage de l’écriture » (p. 57), le poète porte la voix de « ceux qui disent / Non à l’ombre » (p. 59) et fait du poème ce « limon prodigue et raffermi » (p. 60) qui respire la liberté.




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Acryliques de Jean-Michel Marchetti
Al Manar
76 p., 17,00 €
couverture